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Publié par Jacques Teissier

revanche.jpgVous êtes un jeune et brillant chercheur et  vous apprenez qu’une maladie incurable mais non handicapante ne vous laisse plus que six mois à un an d’espérance de vie. Que feriez-vous du bref  laps de temps qu’il vous reste à vivre ?  Accepteriez-vous une « mission » proposée (sinon imposée) par une agence liée au gouvernement américain, consistant à intercepter un savant chinois  possédant une découverte  scientifique qui semble intéresser pas mal de monde ?  C’est la question qui se pose à Gideon Crew, le nouveau personnage récurent de Preston et Child, aussi attachant qu’ attrayant, comme vous pourrez en juger.

 

Après plusieurs romans de suspense ayant comme héros  Aloysius Pendergast, mais aussi, tout récemment, un excellent roman de suspense et d’aventure intitulé  les sortilèges de la Cité perdue, Douglas Preston et Lincoln Child nous proposent,  avec ce R pour revanche, le premier roman d’une future série annoncée qui s’annonce  prometteuse.

 

R pour revanche est au carrefour entre le roman d’aventure, le polar, le roman d’espionnage, l’histoire  étant  cimentée  par ce qui est au cœur de l’écriture des deux  auteurs : le suspense.  Un art du suspense qui chez eux n’est plus à démontrer  et qui a parfaitement  fonctionné avec le lecteur que je suis puisque,  ayant entamé le livre le matin, j’ai terminé ses 339 pages dans la soirée.

 

Le personnage imaginé par Preston et Child est un atout majeur du roman.  Gideon Crew est donc un jeune chercheur de 32 ans, qui travaille au laboratoire national de Los Alamos, fondé en 1943 par le gouvernement américain autour du projet Manhattan, celui  qui a  permis la mise au point de la bombe atomique sous la direction de l’illustre Robert Oppenheimer. Mais Gideon n’est pas un chercheur ordinaire, puisqu’il  met en œuvre au tout début du roman une vengeance contre l’assassin de son père, lui aussi chercheur pour le gouvernement américain, et qu’il s’y prend avec une habileté  qui va le faire remarquer par les services secrets américains.  Outre sa compétence scientifique, ses « qualités » sont nombreuses : encore étudiant il arrondissait des fins de mois difficiles en cambriolant des musées et en revendant des toiles de maîtres volées... de main de maître.  

 

Autre  qualité  qui va se révéler  utile pour la réussite de sa mission : il est un menteur hors pair, pouvant   improviser pour arriver à ses fins n’importe quelle histoire, devant n’importe qui,  en restant jusqu’au bout convaincant et crédible... tout comme Preston et Child !

 

Gideon va donc être embarqué dans une histoire d’espionnage scientifico-industriel mettant en jeu l’équilibre économique du monde (tant qu’à faire, pourquoi se priver de ce petit plaisir ?), avec en arrière plan le spectre d’une mort imminente et brutale, perspective peu sympathique pour qui aime la vie, mais qui va lui permette de prendre, pour mener à bien sa mission, davantage de risques qu’il ne l’aurait fait en temps normal.

 

Bien sûr, nous aurons notre dose (et plus encore) de rebondissements en tout genres, trahisons, meurtres perpétrés par l’adversaire de Gideon, un redoutable tueur et  espion chinois (il y a 30 ans nous aurions eu droit à un russe du KGB... ce  sont les aléas de la géopolitique), d’aventures diverses et variées dans lesquelles intervient aussi Mindy Jackson, une  belle espionne  de la CIA qui va s’entendre très bien avec notre jeune héros (mais peut-être vous en doutiez-vous ?).

 

L’écriture est alerte,  ce qui est la moindre des choses pour un roman de ce type, mais plus fouillée, plus précise et plus dense que celle d’un James Patterson.  La riche imagination des deux auteurs parvient très souvent à surprendre le lecteur. Naturellement, il ne faut pas chercher ici des analyses psychologiques fouillées,  et  les personnages manquent   d’épaisseur, même s’ils ont  une réelle part d’originalité  et sont campés de façon incisive et pertinente.  Mais ce n’était  pas le but essentiel du livre et il n’y a donc pas tromperie sur la marchandise.   Enfin,  le récit  avec ses rebondissements et sa découverte progressive de la vérité (ici elle porte sur la réalité de la découverte scientifique que Gideon Crew cherche à récupérer) est construit  avec habileté et précision, sans temps mort.

 

Avec ce nouveau Preston&Child, l’Archipel nous propose donc un roman  dont la lecture est plaisante, souvent amusante : un excellent divertissement qui devrait toucher un large public. Attendons le tome 2 en espérant que d’ici là Gideon Crew aura survécu à sa terrible maladie (je subodore que oui) et pourra, pour notre plus grand plaisir subtiliser le trésor national de la république d’Irlande, le livre de Kells. Et si vous vous demandez ce qu’il va en faire... rendez-vous dans quelques mois !

 

R comme Revanche
Preston&Child
Editions l’Archipel (7 novembre 2012)
360 pages ; 22 €

Présentation de l’éditeur :

À 12 ans, Gideon voit son père, un scientifique travaillant pour le gouvernement, se faire abattre sous ses yeux.
À 20 ans, Gideon est au chevet de sa mère, qui lui révèle que son père n'était pas le traître que tout le monde croyait, mais qu'il fut la victime d'un complot d'État.
À 32 ans, Gideon est enfin en paix avec lui-même. Il a exaucé les derniers souhaits de sa mère qui, sur son lit de mort, lui avait soufflé : « L'heure de la revanche a sonné... » Il vient enfin de d'éliminer l'assassin de son père, un ancien général haut gradé...
Une officine travaillant pour la CIA a suivi ses « exploits ». Elle connaît de surcroît son passé de cambrioleur et sa maîtrise des nouvelles technologies. Elle le contacte alors pour lui confier une mission aussi secrète que dangereuse...

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K
<br /> Permettez moi de commenter votre critique mais franchement, les deux auteurs, Preston & Child, nous ont habitué a beaucoup mieux en matière de polar que ce très pâle "R comme Revanche" :<br /> l'intrigue, les personnages, tout est plat et sans saveur... qu'ont-ils fait de Pendergast ???? Moi qui dévore en général tout ce qu'ils écrivent, j'ai eu bcp de mal à fini ce polar et l'ai<br /> franchement terminé par respect pour les précédents romans, mais franchment, je l'ai trouvé nul, mais à un point... je suis très déçue !! j'espère vraiment que ce n'est pas le premier roman d'une<br /> série merdique qui ne marchera qu'à cause de leur nom... <br /> <br /> <br /> Et juste petit détail, "La cité des sortilèges perdus" est un de leur plus anciens romans, et pas une nouveauté... il date de 2003 et si je ne me trompe pas avant l'ère Pendergast... <br />
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