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Publié par Jacques Teissier

L’inconnu de la forêt, un Harlan Coben plutôt décevant

Le cœur de l’intrigue est plutôt intéressant : un très riche candidat à la présidence des États-Unis traîne des casseroles qui peuvent d’autant plus être un obstacle à son projet, que des vidéos compromettantes pourraient être révélées et diffusées sur les réseaux sociaux. Dans le même temps, une lycéenne est victime de harcèlement de la part d’élèves de sa classe, avant de disparaître. Quel est le lien entre ces deux informations ? Il sera progressivement révélé par l’enquête menée par le personnage principal, celui de Wilde, ancien « enfant sauvage » découvert quelques décennies plus tôt dans une forêt, qui a conservé de son enfance des qualités sensorielles et une capacité de survie extraordinaires.

Le personnage de Wilde, soigneusement travaillé par l’auteur, est particulièrement original. Bien sûr, ses réactions face aux évènements et aux personnes qu’il rencontre sont parfois déconcertantes, ce qui est l’un des attraits du livre. L’exercice aurait pu se révéler périlleux, tellement il peut être facile de glisser du déconcertant à l’insolite et de l’insolite au tarabiscoté, mais ce n’est pas le cas ici, Coben réussit à le rendre crédible et sympathique au lecteur que je suis, et sans doute aussi à beaucoup d’autres.

Par contre, le second personnage principal, celui de l’avocate ultra-médiatique Hester Crimstein, est antipathique à souhait et psychologiquement incohérent, alors qu’elle est censée être l’un des personnages positifs du roman. Ma réaction est sans doute basée sur les différences culturelles fortes entre nos deux pays au niveau judiciaire, des différences qui deviennent abyssales quand on aborde le rôle des avocats. De ce point de vue, nous assistons dans le chapitre 2 à une émission télévisée animée par Hester qui est consacrée à un procès en cours dans lequel elle représente un accusé. Pour défendre son client, Hester n’hésite pas à manipuler ses invités – et surtout les téléspectateurs – d’une façon odieuse et insupportable, estimant que tous les coups lui sont permis, même les coups bas. Ce n’est évidemment pas l’effet qu’Harlan Coben a cherché à produire chez le lecteur, il a seulement voulu démontrer qu’elle est une avocate tenace et exceptionnellement douée. Mais les qualités humaines qu'il lui attribue par ailleurs ne collent pas avec son comportement professionnel, ce qui est dommage.

D’autre part, ma lecture a été perturbée par les dialogues, bien trop nombreux, et dont la platitude est souvent pénible. Un exemple à la page 28, parmi cent autres identiques :

« -Je ne sais pas, répondit-il. Tu veux que je lui envoie un texto ?
- Je veux bien.
- Mamita ?
-Oui, chéri ?
- Ne lui parle pas de ça.
- De… ?
- Naomi.

- Pourquoi ?
- S’il te plaît !
- OK.
- Tu me le promets ?
- C’est bon, répliqua-t-elle, légèrement agacée. Puis plus gentiment :
- Bien sûr que je te le promets. »

Pour compenser cette faiblesse, l’intrigue est ( comme souvent chez Coben ) plutôt astucieuse et sophistiquée, et le suspense maintenu jusqu’à la dernière page. Je n’ai donc pas lâché le livre avant d’avoir eu le fin mot de l’histoire. Au bout du compte, un plaisir de lecture mitigé : de bonnes choses, mais insuffisantes pour que ce livre reste longtemps dans ma mémoire. J’espère que le film qui en sera sans aucun doute tiré sera meilleur… en tout cas le scénariste n’aura pas un gros travail à faire sur les dialogues !

 

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